La Corse

Briefing d'une semaine aoûtienne corsée


Il y a quelques années, je répétais sans cesse que c'était impossible pour moi de monter la moindre côte avec un vélo. La seule possibilité à mes yeux était en le poussant.

Deux voyages à vélo plus tard, deux voyages avec de si nombreuses lignes droites, deux voyages à fuir les montagnes.Chaque raison était bonne pour les éviter.Cependant, l'ennui du linéaire à avaler des kilomètres a eu raison de moi. Il fallait maintenant que je teste la fonction dénivelé et col avec mes mollets plutôt prêts.

Mon dévolu s'est situé en Corse. Il paraît qu'il y a quelques montagnes. Et je n'avais jamais pris le temps de sortir d'Ajaccio à chaque escale profonde corse. Il était temps d'aller explorer sa côte ouest sur une similitude de GR20 version cyclo: le GT20.
En amont, histoire de comprendre ce que signifiait col, pente à 8%, épingle, et route sinueuse, pédaler à vide dans les alentours pentues d'Ajaccio, avec le plus beau spot de coucher de soleil, les Sanguinaires !
Seulement quelques personnes savent à quel point cela me terrorisait d'affronter du dénivelé (et avec l'option soleil qui cogne en août), à quel point les défis personnels sont inexplicables.

Partir encore à vélo, parce qu'il m'est devenu si simple de pédaler contrairement au reste.
Avec des sacoches encore bien trop pleines.
Partir pour se confronter aux difficultés naturelles.
Partir dans cet espace de liberté sauvage.

Le départ chargé et les calanques 

🚲 : 78,71 km
📈 : 1 246 m D+
📍: 2 étapes (Ajaccio/Cargèse/Porto)


Partir, me retrouver toute seule après 3 semaines de simili coloc, ça me rappelait tristement les séparations malaises. Parce que même si je me convaincs que c'est mon délire de vélo, le partage a une autre saveur.

J'emballe tout et tourne un matin d'absence à une intersection indiquant Calvi et non Ajaccio. Le cœur serré de savoir que lors de la prochaine pause glace, il n'y aura plus de moment partagé.

Heureusement, il a fallu se concentrer dès le début pour monter ce col. Un tout petit de 250m. Mais c'est déjà énorme pour ce que je pensais pouvoir réussir à monter avec mes sacoches remplies. J'en profite pour customiser le panneau du col avec un sticker 'Dive&Bike' de plus. Le tout premier (et non le dernier).

Kilomètres après kilomètres, l'agitation ajaccienne s'envole et ce sont des paysages bruts qui apparaissent. Un deuxième col à 400m et une descente qui me fait atterrir sur une plage.
Et un village à 2 clochers nommé Cargèse. Ajaccio est maintenant 50km derrière.

L'étape suivante, le plus beau tronçon où j'ai pu pédaler. Nommé les calanques de Piana.
Cette route est une route à 300m de hauteur qui surplombe la mer, avec cette roche rouge déchirée de toute part. Ces virages sinueux où deux vélos peuvent passer mais à peine une voiture.
Majestueux de beauté où les pauses tous les 500m sont obligatoires pour imprimer dans mes souvenirs la beauté de ces lieux.

Petite étape de 30km pour ne pas m'écraser sur la plage mais plutôt découvrir les calanques d'en bas en bateau en partant de Porto. Avec un passage à Scandola, réserve marine protégée.  
Avec les couleurs de fin de journée, la splendeur des roches se magnifie encore plus.

Étapes folles d'yeux brillants.

Les calanques continuent

🚲 : 55 km / 133 km
📈 : 620 m / 1 869m D+
📍: 1 étape (Porto/Galeria) 


Comme chaque camping se situe au niveau du village qui se situe au niveau de la mer, il a fallu regrimper dès le matin 200m avec une route ressemblant aux Calanques de Piana mais sans personne, pas une voiture. Sublime réveil.

Avec en pause, trois cyclotouristes slovènes (torses nus) qui me donnent des conseils pour la suite. J'aurais bien voulu partager avec eux cette bouteille de vin qu'ils voulaient ouvrir, mais chaque minute de pause, c'est chaque minute de moins d'ombre.
Et il était 10h.

Car arriver à Galeria sans galère, il en a fallu de peu. Un dernier col de 400m où les nuages apparaissent pile lors de la montée. Chance d'avoir pu garder quelques gouttes de sueur. Tout en haut, quelques voitures et motos s'arrêtent pour des photos. J'arrive en ayant l'impression d'avoir monté l'Everest. J'immortalise tout cela dont une chèvre qui avait trouvé la meilleure place. La descente se dessine aussi brusquement que sa pente.

Galeria est un de ces villages d'un autre temps où la carte bleue n'existe pas. Et les vacanciers non plus. Le soir sur la place du village, un loto géant réunit au moins trois fois sa population.
Cette impression bizarre d'être repartie en Basse Californie au Mexique sans les tacos et les routiers.
Et avec des sandwichs au fromage de brebis. Délice français (plutôt corse).

Et toujours une plage pour contempler les voiliers qui ont mouillé dans la baie. Avec ce rêve d'un jour d'être dedans. Sachant que le jour d'avant, j'ai eu l'opportunité d'en être.

L'envie de rester sur la jolie terre corse m'a retenue. 

Montagnes et désert (des Agriates)

🚲 : 108,98 / 242,47km
📈 : 1 672m / 3 541m D+
📍: 2 étapes (Galeria/Ile Rousse/ Saint Florent) 


L'étape la plus longue s'annonçait. Avec le plus dénivelé aussi. Avec au moins 3 plans B possibles au vu de ma confiance dans les côtes.
Rebelote après Galeria, une montée de 400m. Mais celle-ci me fait bien trop transpirer et les paysages ne sont pas à la hauteur des jours précédents pour permettre d'oublier l'effort.

Elle est sans fin, pas une seule ombre, et le soleil à 10h commence à chauffer. Je me demande bien ce que je fais là. À force de rumination, les mètres défilent. Et le cardio augmente.
Sorti de nul part, un renforcement avec les derniers centimètres d'ombre possible. Aucun questionnement s'il fallait que je m'arrête ou non.
La pause au milieu de rien, s'est imposée d'elle-même.

Ironie de circonstances, la descente était si fraîche. À une intersection, il a fallu choisir à ce moment-là entre deux itinéraires. Grâce aux slovènes croisés le jour précédent, je prends l'option longue version montagne. Et puis ce n'était pas le but de ce trip de monter un peu.

Je découvre une vue magnifique de villages perchés. Essayant de m'auto persuader que c'est impossible que la route monte là-haut, je contemple de si loin ces villages. Quelques kilomètres après, je me trouve bien dans ce village, je me retourne et c'est le précédant village que je vois avec cette vue.
Effet si beau d'optique et d'effort.

Des épingles en cascade qui permettent de voir dans toutes les directions. Une fois à l'est et puis l'épingle passée, à l'ouest. C'est assez fabuleux cette vision de la route qui est tout sauf monotone.
Et l'effort se situe au niveau des quelques mètres de l'épingle, après la route même penchée paraît si droite.
Je me régale de ce type de route que je connaissais si peu.

C'est un délice de petites routes si sinueuses, si perdues, si authentiques. Avec si peu de trafic.
Puis la descente sur l'Ile Rousse , avec ce rond-point qui me rappelle la réalité urbaine et à son trafic de vacanciers avides d'apéro à cette heure tardive. 

Deux kilomètres de ville d'enfer. Les slovènes m'avaient bien renseignée, j'ai pu éviter 20 km de cette route bondée ! L'île-Rousse, une pause au milieu des vacanciers. D'un camping remplis de 4L et de si nombreux groupes. Pas le meilleur endroit pour sympathiser.
Je m'y évade de quoi nager et refait mon bronzage un peu trop binaire à mon goût.

Un désert attendait. Le désert des Agriates. Encore de la montée mais sans être collée à la mer. Avec ce qu'il faut comme circulation pour ne pas traîner au milieu de la route.
Des paysages très secs et arides mais aucun cactus. Et aucune ombre.
Les muscles sont chauds, je trace.
Et atterrit à Saint-Florent là où se font les départs des randonnées pour ce désert.
Toujours avec le vélo, j'ai voulu tester sa fonction gravel dans ce petit chemin de randonnée. Chaleur et cailloux, j'ai stoppé dès la première crique.

Délice encore de sable chaud, de mer douce, de coucher de soleil, d'ambiance estivale qui règne à chaque virage.

Le Cap Corse

🚲 : 136 km / 319 km
📈 : 1 808m / 5 349m
📍 : 2 étapes (St Florent/ Centuri/ Bastia)
🏖 : 3 jours off

Des panneaux annoncés Bastia à 50km, j'ai pourtant pris l'option longue de 100km en faisant le tour par le Cap Corse. Le bout de terre qui dépasse de l’île.
Tellement de personnes m'en disaient du bien.
Avaient-ils vu la courbe de dénivelé ?
La partie ouest est une montagne russe sans cesse de cols à 200m.
Ça monte dans ce village si charmant nommé Nonza et sa plage bicolore. Et ça descend. Et puis ça monte, ça descend. Et rebelote en cinq exemplaires.

Agrémenté à chaque fois de villages charmants, de vue de plage sublime, de marine, de roche qui change de couleur, blanche, rouge, noire, marron... Il était impossible de deviner le paysage après chaque virage.
Et toujours le bleu de la mer sur ma gauche à flanc de falaise.
Incroyable de beauté.

Et ce village qui clôt cette journée de pédalage, Centuri.
Un village de pêcheurs oublié tout au nord de la Corse. L'impression que le temps s'est arrêté. Je m'y arrête quatre jours ainsi.
Mon temps s'est totalement figé au milieu de ces maisons en tuiles grises.

Il y avait cette petite plage à 5min où seulement les courageux téméraires et un mini club de plongée profitent du coucher de soleil, ou ce port transformé en 'the place to be' le soir avec son florilège de restaurants, et cette supérette qui assure tout, ou ce camping avec vue mer où aucun groupe n'est présent.
Paradis authentique, je t'ai retrouvé.

Pendant 4 jours, voir ce moulin à 400m qui surplombe la ville.
Ma toute dernière ascension corse. Émotion.
Ce devait. Et puis, trois fois qu'on me parle de point sublime le plus au nord de la Corse. Un petit détour de 20km et 300m de dénivelé.
Échauffée, je descends pleine balle voir cette plage truffée de vaches. Et faire demi-tour pour la remontée.
Cette fois-ci c'était bien la dernière.
Magnifique Cap Corse.

Du plat pas si plat pas si beau pas si fou me permet d'arriver à Bastia sans encombre.
À peine le temps de prendre une glace, et je m'engouffre dans le ferry parmi des centaines de vacanciers affalés par terre.

Fin d'être un oiseau libre. 

Explorer les autres jours

Carte

Carte dynamique de toutes les traces GPS et tous les spots de plongée, d'apnée et de snorkeling réalisés lors de ce voyage. 

(Cliquez sur la trace pour voir le dénivelé correspondant)

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